Haine
Souvent, j’y pense. Si tout venait à mal finir, si elle ne s’accrochait pas, si elle lâchait tout, définitivement, est-ce que je parviendrais encore à contenir toute cette haine, toute cette rancœur en moi ? Cette petite voix qui me répète perpétuellement : « Venge-la ! ». Cette rage que je contiens en moi pour une unique raison : la préserver, elle. Car oui, je sais. Je sais qui est le responsable de toute cette merde. Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu, mais il me serait si facile de le trouver et de lui faire avaler ses couilles.
Je suis quelqu’un très calme, très posé. Pas violent pour un sou. De souvenir, j’ai dû me battre une fois dans ma vie….au collège. Et pourtant. Pourtant j’ai accumulé au cours des 4 dernières années une haine incommensurable. Une animosité énorme, que je garde en moi, que je ne laisse pas paraître. Devant les autres, surtout devant elle, je reste moi. Récemment, je me suis légèrement cassé un doigt en frappant dans un panneau stop. Quel con ! Elle ne le sait pas, je lui ai dit que je ne savais pas comment j’avais fait mon compte…
Hier, j’ai vu ce reportage sur cette femme qui en 1989 tua son père ultra violent et fut finalement acquittée 3 ans plus tard. Bel épilogue. Combien de fois a-t-elle pu imaginer son geste avant de passer à l’acte ? Des centaines. Des milliers peut-être. Oh rassurez-vous, je n’en suis pas encore là. Mais. De plus en plus, je me dis que chacun d’entre nous, poussé dans ses derniers retranchements, est capable d’en arriver là. Ne dit-on pas l’homme est un loup pour l’homme ? Alors, si demain je perdais tout, si la conclusion de ce combat devait être triste, voire dramatique, comment réagirais-je ? Quels sont les limites de l’homme quand il sent qu’il n’a plus rien à perdre, qu’il a déjà tout perdu, qu’on l’a détruit à petit feu ? Je ne le sais pas. Et j’espère secrètement ne jamais avoir à le découvrir…